Objectifs de la formation
Le master offre une formation de haut niveau dans le domaine des industries culturelles et créatives, des cultures participatives sur Internet. Il donne aux étudiants des clés pour comprendre l’ampleur des mutations induites par les innovations technologiques et sociétales sur le web, construire une analyse critique des usages et des processus participatifs avec des chercheurs spécialisés dans ces domaines et des professionnels de la communication engagés dans le secteur culturel, et développer des démarches de recherche-création.
Les enseignants-chercheurs sont membres du laboratoire CEMTI.
Compétences
Les étudiants sont formés aux principaux enjeux sociaux ouverts par le développement des plateformes numériques, en particulier celles engagées dans le secteur culturel : dynamiques d’innovation, enjeux économiques et industriels, big data, bien communs, open data, open access, inégalités des usages sociaux, production de l’information, gestion et modération des communautés numériques, positionnement des savoirs experts.
Ils sont capables d’analyser les stratégies des principaux acteurs, de concevoir des politiques de communication et des dynamiques participatives sur le web, de gérer des plateformes participatives. La compréhension des logiques à l’œuvre donne aux étudiants une capacité d’adaptation indispensable
Professionnalisation et partenariats
Des collaborations sont menées avec des institutions régionales en lien avec le numérique, dans le domaine des arts et des entreprises (Le Cube, la Gaieté lyrique, le jeu de Paume, le Musée de la Marine), notamment dans l’atelier-laboratoire Sociophotographie. Dans le cours Conduite de projet culturel, dans l’atelier Communication digitale, ainsi que le cours Arts et numérique interviennent des professionnels brillants responsables des stratégies numériques innovantes de grands établissements culturels publics (Musée d’Orsay, Orangerie, Palais de Tokyo, Museum d’histoire naturelle, Le Cube-Garges, Musée de la Marine).
Un partenariat avec l’Ecole nationale Supérieure Louis-Lumière (filière photographie) et l’EUR ArTeC permet de développer des enquêtes croisées avec des étudiants photographes dans le cadre de l’atelier-laboratoire Sociophotographie les formant au travail d’équipe collaboratif. Ils et elles approfondissent leur connaissance de la culture visuelle contemporaine, grâce à la participation de photographes, photojournalistes, réalisateurs et artistes plasticiens de renom (Samuel Bollendorff, Stéphanie Solinas, Nadège Abadie), de photographes inscrits dans de grandes agences (Olivier Jobard, Michel Slomka, Laurence Geai, Agence Myop, Cyril Zannettacci, Agence Vu)
Les Cours
Enquête sociophotographique sur la transition numérique, Atelier-Laboratoire Paris 8, ArTeC, ENS Louis-Lumière
Sophie Jehel
La numérisation de la société se déroule sur le fond d’un discours d’accompagnement qui valorise la facilitation des échanges sociaux, l’extension des réseaux de sociabilité, la démocratisation de l’accès à l’information et à la connaissance, la moindre captation des ressources naturelles grâce aux applications et autres plateformes numériques. Les recherches en sciences sociales montrent cependant la complexité sociale des reconfigurations qu’impose la numérisation et le maintien des inégalités numériques.
Ce cours est organisé sous forme d’atelier-laboratoire soutenu par l’EUR ArTeC et réalisé en collaboration avec la filière photographie de l’École nationale supérieure Louis-Lumière. La photographie et les sciences sociales ont une histoire commune, des préoccupations communes, l’exploration du social pour le documenter, témoigner des innovations sociales ou dénoncer des injustices. La sociologie visuelle est particulièrement pertinente pour explorer nos vies numériques sur des plateformes qui privilégient la communication visuelle, photo, vidéo, GIF, émoji…
Les enquêtes de l’année 2023-2024 ont porté sur les 3 thèmes suivants : Mer, Zones de conflit, Fiction, en lien avec la transition numérique. Les étudiants ont conduit des enquêtes par entretiens en collaboration avec les étudiants photographes de l’ENS Louis Lumière. Les articles sont publiés sur le site dédié, numerique-investigation.org.
Dans le cadre de cet atelier ont organisées des conférences sur les trois thèmes, des séances de cours problématisant ces thèmes, des ateliers de discussion autour des articles de la bibliographie. Deux missions ont été réalisées : l’une à Brest, au musée de la Marine, à l’IFREMER, au CERV notamment, l’autre à Lyon, dans les galeries Le Réverbère et Le Bleu du Ciel, ainsi qu’à l’Université Lyon 3.
Agnès Lanoë directrice de la stratégie et de la prospective d’Arte France présentera la politique de programmation des sites d’Arte pour les nouvelles écritures audio-visuelles.
Les étudiants bénéficient d’un accompagnement personnalisé tant pour la méthodologie de l’enquête par entretien (Sophie Jehel), que pour la méthodologie de l’enquête photographique (Nadège Abadie et Stéphanie Solinas) et pour l’écriture journalistique sur le web (Pascale Colisson).
Initiation à la culture photographique, atelier réservé aux non-photographes
- Panorama de la photographie contemporaine Samuel Bollendorff, photographe et professeur associé à l’ENS Louis-Lumière,
- Histoire de la photographie, Véronique Figini, MCF ENS Louis-Lumiere, CEMTI, associée au CHS Mondes contemporains,
- Initiation à l’optique photographique, Pascal Martin, Professeur ENS Louis-Lumiere,
- Initiation à la pratique photographique, Nadège Abadie, réalisatrice photographe (2 séances).
Atelier de publication sur le site WordPress
Nicolas Chevrier, photographe, MAST Création de projets numériques, Univ. Lorraine, webdesigner, accompagne les étudiants à la publication sur WordPress. Les étudiants prennent en main la publication de contenus textuels, sonores et photographiques sur le site numerique-investigation.org et approfondissent leur maîtrise de l’éditorialisation sur WordPress, notamment avec DIVI.
Projet : journée d’étude (conception, valorisation, print et web)
La journée d’étude est préparée par les étudiants dans le cadre de l’atelier MIP « Enquête socio-photographique sur la transition numérique », avec l’accompagnement de Sophie Jehel et Véronique Figini. Elle se déroule dans un centre dédié à la culture photographique. Elle permet l’invitation de professionnels, photographes, chercheurs, experts, militants. Elle valorise les productions des étudiants et leur permet d’en discuter.
Communs numériques et propriété intellectuelle
Sébastien Broca, Maître de conférences, Univ. Paris 8, Cemti
Cet enseignement donne aux étudiants les bases théoriques pour comprendre le mouvement actuel de défense des communs numériques, en tant que résistance à l’extension des droits de propriété intellectuelle (brevets et droit d’auteur essentiellement). Il replace ainsi l’émergence des communs numériques dans le contexte de la critique militante et académique de la propriété intellectuelle, telle qu’elle s’est développée à partir des années 1980. Le cours propose aussi des analyses empiriques de certains communs emblématiques: logiciels libres, Wikipédia, oeuvres sous Creative Commons. Il introduit enfin aux grandes questions qui se posent aujourd’hui aux défenseurs des communs : comment rémunérer les contributeurs ? Comment défendre juridiquement ces ressources partagées ? Comment articuler le développement des communs avec les missions de service public traditionnellement assignées à l’État ?
Économie numérique et théories du nouveau capitalisme
Carlo Vercellone, Professeur , Univ. Paris 8, Cemti
La révolution informationnelle est l’un des traits saillants du passage du capitalisme industriel à un nouveau capitalisme fondé sur la connaissance et le numérique. Dans cette évolution, le rôle jadis central du capital et du travail matériels cède la place à une montée en puissance du capital et du travail immatériels. Les hypothèses fondatrices de l’économie politique liées à la rareté et à la rivalité des biens en sortent profondément déstabilisées. Le défis d’une économie de la gratuité liée à la dématérialisation et la baisse drastique du coût de reproduction d’un grand nombre de biens et services, conduit les grands oligopoles numériques à inventer de nouveaux modèles de profit. Deux stratégies principales, souvent complémentaires, ont été mises en œuvre. La première, incarnée par l’hégémonie du modèle de Microsoft durant les années 1990, repose sur le renforcement de la propriété intellectuelle et les dispositifs du Digital Right Management. La seconde correspond à l’essor du capitalisme des plateformes qui, sous l’égide des GAFA, a conduit à un puissant processus de recentralisation et de marchandisation de l’économie de l’Internet. En excluant tout déterminisme technologique, ce cours se propose de reconstruire ces évolutions à travers une approche combinant étroitement la présentation des faits historiques et celle des controverses théoriques qu’ils suscitent.
Numérique et Art
Clément Thibault
Le cours vise à fournir aux étudiants les éléments clés pour comprendre l’art numérique, depuis ses débuts dans les années 1950 jusqu’aux questions les plus actuelles qui se posent aujourd’hui aux artistes, curatrices et curateurs, chercheuses et chercheurs. Via le prisme d’une typologie d’artistes (codeurs, hackers, généticiens et cyborgs), le cours permettra de discuter certains grands enjeux contemporains, discussion appuyée par la littérature de recherche (Donna Haraway, Legacy Russell, Lev Manovich, Jean-Paul Fourmentraux, Norbert Wiener, Pekka Himanen, Jussi Parika…)
Clément Thibault est Directeur des arts visuels et numériques au Cube Garges. Il est également, Membre du comité consultatif des œuvres d’art Membre du comité consultatif des œuvres d’art UNESCO, Coordinateur artistique ISEA2023, critique d’art et commissaire d’exposition.
Médiations numériques et usages créatifs
Lorena Lisembard, artiste-chercheure, doctorante, CEMTI – ArTeC
Les rapports qui s’établissent entre les joueur·euse·s et les productions culturelles portées par les industries vidéoludiques sont complexes, les pratiques effectives s’apparentant la plupart du temps à des “arrangements” sous-tendus par des rapports de forces asymétriques et motivés par des dynamiques contradictoires d’adhésion et de résistance. Dans le domaine du jeu vidéo, on emploie ainsi le terme de “mod” pour qualifier des modifications d’objets existants prenant la forme de contenu généré par les utilisateur·rice·s elles·eux mêmes (“user-generated content”) et prolongeant le plus souvent des mécanismes de « gameplay émergent ». Simultanément, de nombreux·ses artistes inscrivant leur pratique dans la tradition du détournement cherchent à se réapproprier ces objets et espaces dans le but de proposer des formes de réagencements sémiotiques voire, de « désobéissance numérique » (Fourmentraux, 2020).
Nous proposons d’entreprendre une analyse croisée de ces différents types de pratiques en nous appuyant sur des expérimentations de recherche-création. Nous réfléchirons à des protocoles à mettre en place afin de dé-normaliser nos pratiques et aux différents moyens de les partager, de les activer au sein de cet atelier pensé comme une “communauté de pratiques” (Wenger, 1998).
Nous nous pencherons sur un corpus d’œuvres artistiques négociant avec les limites des dispositifs institutionnels et vidéoludiques, ainsi que sur un corpus théorique élaboré autour des pratiques de “modding” ; ces dernières étant envisagées à la fois dans une perspective decertienne – en tant que “tactiques de résistances” (De Certeau, 1980) et à travers le prisme du digital labor (Terranova, 2000, Scholz, 2012).
Création et plateformes numériques: questions éthiques et juridiques
Julien Rossi, Maître de conférences, Univ. Paris 8, CEMTI
La création sur les plateformes numériques est facilitée par les différents CMS et dispositifs d’écriture mais elle expose les auteurs à de nombreuses contraintes liées à leurs objectifs commerciaux, favorisant certains contenus au risque du formatage et récupérant des données personnelles pour profiler et structurer les recommandations algorithmiques.
Les autrices et auteurs de création numérique doivent développer leur réflexivité sur la pertinence des outils utilisés et de la capture des données personnelles. Cela suppose une compréhension des logiques de surveillance à l’œuvre sur les plateformes numériques (étatiques, commerciales, mais aussi interpersonnelles, “sousveillance” – surveillance des surveillants –, vigilantisme surveillance des surveillés-). Le modèle de « panoptique » imaginé au XVIIIe siècle par Jérémy Bentham, comme l’a souligné Michel Foucault, a transformé les modalités même de l’exercice du pouvoir institutionnel et infusé dans l’ensemble des relations sociales,redoublant les formes de contrôle social.
Plateformes numériques et logiques d’innovation
Benoît Lelong
Les plateformes numériques ont bouleversé les logiques d’innovation. Dans les grandes entreprises industrielles, les laboratoires internes de recherche et développement se voient concurrencés par des dispositifs d’open innovation mobilisant des contributeurs externes (expert universitaire, start-up, ou foule de simples consommateurs). D’autres plateformes permettent à des individus ordinaires de produire et de rendre publiques leurs créations, de les valoriser et de les commercialiser. D’où des évolutions complexes et souvent contradictoires : désintermédiation et ré-intermédiation, collectivisation et singularisation, dématérialisation et apparition de nouveaux espaces matériels de travail et d’échanges. Les conséquences sont multiples pour les innovateurs, leur activité, leur identité professionnelle, leurs ressources et leurs droits. Ces mutations seront abordées en multipliant les approches : socio-économie du numérique, ethnographie des activités en ligne, sociologie du travail, analyse de réseaux, histoire des techniques.
Conduite de projets culturels
Remy Hoche
Le cours de conduite de projet vise à construire par équipe de deux ou trois étudiants un projet destiné à une institution ou à un événement culturels utilisant les outils du numérique, pertinente par rapport à la stratégie globale de communication. Les premières séances seront consacrées à la compréhension des contraintes (juridiques, financières, matérielles…) de ce type de projet et aux enjeux que les événements représentent pour les structures. L’objet de l’atelier sera de présenter un projet et les modalités de sa mise en œuvre.
Communication digitale des institutions du secteur culturel
sous la responsabilité d’Agnès Abastado en collaboration avec Sophie Jehel, avec les interventions d’Etienne Jolivet et Lucile Crosetti
Agnès Abastado, cheffe du service du développement numérique des Musées d’Orsay et de l’Orangerie
Etienne Jolivet, responsable du service numérique du Museum national d’Histoire naturelle
Lucile Crosetti, responsable du service numérique du Palais de Tokyo
La communication digitale dans les institutions culturelles qui envisage toute la chaine de valeur : diffusion, production audiovisuelle, enjeux spécifiques aux institutions publiques, accessibilité, responsabilité sociétale des organisation, éco-conception.
Dans le cadre de ce cours les étudiants sont amenés à réfléchir sur la spécificité de la communication digitale des marques muséales en tant qu’institutions publiques culturelles et scientifiques. L’axe principal de ce cours repose sur l’articulation entre la promotion des marques muséales et la diffusion des savoirs propres aux institutions publiques de la culture.
Lors de chaque intervention des étudiants doivent avoir préparé une courte intervention (5 minutes) d’analyse du site de l’institution dont est responsable l’intervenant articulée à celle des comptes de réseaux socionumériques de l’institution (Musée d’Orsay, Museum d’histoire naturelle, Palais de Tokyo). Cette analyse porte sur la spécificité de la communication de l’institution par rapport à d’autres marques de sites marchands (du secteur culturel ou non), tant pour le contenu des messages publiés que de leur forme, rythme de publication…
Cas d’étude : les étudiants analyseront une institution à l’international d’analyse de leur communication culturelle et scientifique (mettre en exergue les spécificités de ton, formats, approche esthétique ou/et stratégie de diffusion au regard de l’analyse de l’écosystème numérique de l’institution, sites web, réseaux sociaux, éventuelles newsletter notamment).
Méthodologie de la recherche en sciences sociales
Julien Rossi , MCF, Univ. Paris 8, CEMTI
Le cours présente les diverses étapes présidant un travail de recherche en sciences de l’information et de la communication, de la phase de définition du sujet et de déconstruction des prénotions, débouchant sur la construction d’une problématique de recherche, à la rédaction finale du mémoire. Outre les attendus épistémologiques de la démarche scientifique en sciences sociales, le cours introduit les questions méthodologiques portant sur la collecte et le traitement du matériau empirique.
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